France Télévisions, la fin de la culture pub ?
Ecrit par: ytty54
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On saluera la pertinence politique de notre Président d'utiliser un
argument jadis porté par la gauche pour justifier aujourd'hui son
action. Je m'interroge juste si cette habileté politique suffit pour
gouverner un pays.
On peut aussi reconnaître que l'annonce tombe bien notamment pour TF1 dont
les résultats ne sont plus en phase avec ses ambitions et qui voit là
une perspective quasi monopolistique de capter de nouveaux budgets
publicitaires.
Pas tous si l'on veut bien considérer que France
Télévision représente un budget de l'ordre d'un milliard d'euros par
an. C'est dire que les chaînes privées se verraient offrir de tout
autre moyen, se dont se félicitent les groupes financiers qui les
dirigent : Bertelsmann (M6 et W9); Bolloré (Direct 8) ; Bouygues(TF1, TMC, NT1) ; Lagardère (Europe 2 TV et Gulli) ; Vivendi (Canal+ et I Télé)... des noms bien familliers !
Certains se veulent résolument optimistes comme Jacques Chancel "La suppression de la publicité dans le service public représente à la fois une chance historique et un danger" tout en avançant l'idée que radios et presse pourraient profiter de l'aubaine financière.
Il
faut se souvenir que c'est en 1971 que la publicité apparait sur la
deuxième chaîne pour ne plus la quitter. Depuis elle gagnait peu à peu
du terrain au nom des nécessaires moyens à l'expression et au
développement de la qualité. Et pour être en mesure de concurrencer les
nouvelles chaînes.
Bernard Pivot, autre figure emblématique télévisuelle, ne cachait pas son enthousiasme "Lorsque j’ai entendu Nicolas Sarkozy annoncer la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, j’ai crié “Bravo” ! Enfin, me suis-je dit, la télévision va permettre à ceux qui en ont le goût et le désir d’avoir accès à des programmes culturels », avant de se raviser (!) « Je me suis vite ravisé. N’est-ce pas trop tard ? N’est-ce pas trop complexe ? En plus, je me demande ce que signifie une télévision sans pub pour les jeunes générations."
Les
producteurs s'interrogent sur les modes de financement, les politiques
craignent l'annonce de taxes nouvelles, les directeurs de chaines
publiques s'inquiètent de privatisations à venir...
Des critiques
que balaye José Freches, conseiller spécial du Président sur la
question. Cet ancien du Midi Libre et du Cabinet de Jacques Chirac veut
restructurer face à la TNT et internet en finançant le secteur public
par une ponction des recettes publicitaires des chaines privées et des
bénéfices des opérateurs de téléphonie mobile. Une ponction "indolore" d'après l'auteur à même d'orienter notre télé vers le modèle anglo-saxon, la reine de toutes, la BBC.
Je
vous invite à tenter de regarder ces chaînes publiques anglaises pour
mieux vous rendre compte de ce qui nous attend (un exemple de programme
: http://www.eurotv.com/2abbc1.htm).
Disons le tout net c'est inregardable les 3/4 du temps entre séries à
rallonge et émissions sur la nature. Par contre les journaux télévisés
sont incroyablement professionnels et indépendants. Professionnels et
indépendants comme jamais le pouvoir politique français de droite ou de
gauche ne l'accepterait... alors pourquoi vouloir réformer ? car
l'essence de ce qui fait la qualité de la BBC, nos politiques n'en
veulent surtout pas...
Cependant ne nous leurrons pas, "On ne fera pas l'économie d'une augmentation de la redevance". Quelle nouvelle ! quelle rupture !
Qu'importe l'ami Frèches est lancé : "Il faut que France 2 innove. Qu'elle contribue à l'émergence d'une nouvelle génération d'animateurs et de producteurs".
On pense bien entendu à Jean-Luc Delarue, Guillaume Durand, Mireille
Dumas, Eve Ruggieri, Laurent Ruquier, Nagui et... Michel Drucker qui
doivent en faire partie ? ou doivent partir ?
Plus lyrique il ajoute "Qu'elle fasse la part belle à l'innovation, à la création, à l'investigation journalistique et aux nouveaux formats d'émission".
Une télévision du troisième type quoi, qui n'existe pas trop.
Alléchant. Mais ne vous emballez pas car on revient vite sur terre avec
ceet aveu étonnant : "Pour ma part
j'ai toujours regretté que France 2 se soit refusée à faire de la
télé-réalité et tourne le dos à des programme comme la Star Academy qui
n'ont rien d'infamant".
Innovation, création et télé-réalité, quel curieux cocktail...
De
la bouche d'un ancien candidat malheureux à la présidence de France
Télévision tout cela sonne bien faux et ressemble plus à un règlement
de comptes qu'à une ambitieuse et positive évolution.
D'ailleurs il confirme "Si
j'estime que la nouvelle configuration de l'audivisuel public, telle
qu'elle découlera de la loi, est conforme à mes convictions, je
n'exclus pas, en effet, d'être candidat à la direction de l'ensemble".
Outre la modestie du propos, on retiendra que tout ce bruit est
finalement surtout destiné à se construire un avenir doré. Qui fait des
envieux puisque Jean-Marie Cavada s'y verrait bien jouer le premier
rôle. On comprend dés lors mieux son départ avec fracas du Modem pour
rallier l'UMP avec de telles perspectives : le voilà grand organisateur
d'une conférence nationale de l'audiovisuel, sorte de Grenelle de la
téloche si vous voulez...
Faut il s'en inquiéter ?
pas forcément, Groucho Marx développait une théorie à sûrement remettre au goût du jour :
"Je
trouve que la télévision est trés favorable à la culture. Chaque fois
que quelqu'un l'allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis".
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
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