LVMH-Les Echos : l'indépendance, un luxe ?
Ecrit par: ytty54
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Au passage, le voilà obligé de se débarrasser de son autre titre économique, La Tribune. Ambiance...
L'homme le plus riche de France aura donc obtenu ce qu'il voulait malgré l'animosité d'une majorité des 500 personnes employées.
Pour
pallier à ces craintes, l'homme d'affaires a ajouté des clauses censées
rassurer comme la mise en place d'un comité de surveillance et le
maintien de l'excellent Erik Izraelewicz. Une technique pas trés
convaincante puisque le journal, depuis, ne paraît plus.
Une double
cession pour un seul bénéficiaire, voilà la situation pas banale mais
absolument pas remise en cause qui se présente pour notre presse
économique. Belle leçon de stratégie à disséquer dans nos grandes
écoles de commerce quand l'ancien numéro 2 devient le nouveau numéro 1
tout en ayant le choix de son futur numéro deux.
Beau silence des politiques sur le sujet.
Sur
le plan strictement économique, on ne peut que s'étonner de la somme
avancée pour un titre au chiffre d'affaires de 125 millions d'euros
environ pour 10 millions de bénéfices nets annuels.
Nul doute que la
vraie raison de l'acquisition est à trouver ailleurs, du côté du poids
politique du journal par exemple désormais aux mains d'un proche de
Super Sarkozy.
Bernard Arnault prend ainsi la glorieuse suite des
industriels détenteurs de médias et proche de l'Etat : Bouygues (TF1),
Bolloré (Direct8, DirectMatin), Lagardère (Europe1) ou encore Dassault
(Le Figaro). Quelle main mise !
Outre la proximité du pouvoir, il
s'agit de se demander comment la cinquantaine de marques de luxe que
composent LVMH seront "objectivement" traitées dans les colonnes de
Bernard...
Ce roubaisien polytechnicien se lance dans une nouvelle
carrière médiatique depuis l'entreprise BTP de papa à l'immobilier
Férinel puis au textile via Boussac, entreprise à la dérive cédée par
le gouvernement Fabius. En liquidant Boussac, il ne conserve que
Christian Dior et s'ouvre les portes du luxe. Avec un patrimoine estimé
aujourd'hui à plus de 21,5 milliards d'euros, l'homme n'a plus besoin
de faire du chiffre mais comme beaucoup d'homme d'affaires ayant
réussit, il a le sens de l'anticipation et des choix judicieux.
D'ailleurs il était témoin du mariage de SS et ce n'était pas pour
faire plaisir à Cécilia...
Il n'en reste pas moins que notre paysage
médiatique change et je le regrette. Le média dirigé par un industriel
devient un produit à vendre.
Ce que j'attends d'un média ce n'est
pas qu'il soit un produit formaté, une marque repère, un recueil
quotidien de ce que je veux entendre ou lire. Non la force d'un média
c'est son indépendance, sa liberté de ton, de traitement de
l'information. Qu'il me surprenne, me dérange, m'interpelle... que la
qualité journalistique m'éblouisse, m'impressionne, me séduise. Que
chaque article m'apprenne, m'enrichisse, me nourrisse.
Là, avec
Bernard Arnault, dit l'ange exterminateur ou... le colin froid, on en
est bien loin. Certes il est amateur d'art mais il vient aussi de
prendre 9% de parts dans Carrefour... de là à faire des Echos une
marque de distributeur de bas de linéaire...
Thomas Jefferson au
XVIII° siècle disait que "Dans la presse, seules les publicités disent
la vérité". Il ne croyait pas si bien dire, on y arrive !
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
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