Musique - "C'est pas ma faute à moi" clame l'industrie du disque
Ecrit par: ytty54
Nombre de lectures: 802
Nombre de mots: 770
La chute des maisons de disque n'en finit plus si l'on veut bien
croire les -20% de ventes de CD musicaux enregistrés depuis le début de
l'année. Avec un coupable tout désigné, le téléchargement de ces
vilains internautes fossoyeurs du paysage culturel de demain...
Bon
une fois qu'on a dit ça il faut tout de même bien considérer que nombre
de personnes qui ne téléchargent pas n'achètent pas non plus. Pourquoi ?
- Bêtement je dirais d'abord qu'il n'y a peut être pas grand chose à acheter... Que les temps de la démocratisation (années 70) puis de la diffusion de masse (année 80) ne sont plus de mises. L'offre est à la fois multiple et réduite, pré-formatée et parfois baclée. Objectivement, un vrai bon album du début à la fin et pas seulement trois titres corrects, ce n'est pas si courant. "C'est pas ma faute à moi" clame Julien, intronisé chanteur vedette par la grâce de la télévision crochet. Refrain repris par l'industrie du disque qui refuse de se remettre en cause, cautionne des carrières ultra rapides et des produits marketing à la qualité douteuse au nom du sacro-saint profit. Oui mais avec les TIC, si un album est mauvais, la planète entière le sait en quelques minutes !
- En second, on peut penser qu'il y a d'autres choses à consommer : du téléphone portable, de l'internet, de la télévision illimitée, du DVD... le porte monnaie du mélomane n'étant pas aussi extensible qu'une corde vocable, il faut bien faire des choix. D'autant que ces activités sont également très chronophages. Pire certains supports canibalisent même le CD comme les chaînes de télé musicales par exemple.
- Troisième raison
apparente, le consommateur ne trouve pas le produit qui lui plairait ou
pense qu'il ne le trouvera pas. Plusieurs pistes : la quasi-disparition
des magasins de vente spécialisés et avec le conseil, l'orientation,
l'accompagnement à la découverte. La grande surface incite à acheter
pas à chercher. Dés lors les têtes de gondole guettent l'indécis mais
se ressemblent toutes et vénèrent toujours les mêmes vedettes. Idem
pour les grandes émissions télévisées : halyday, bruel, garou, fiori,
dion... avec ça on fait quelques émissions non ? problème on propose
une offre restreinte et plutôt redondante qui ne passionne plus toutes
les foules. Et qui condamne les autres artistes. La pensée se
radicalise. Les tonnes de compilations en tout genre accroissent ce
sentiment de fourre tout et d'uniformité. Les vrais-faux retours,
adieux... en rajoutent une couche. Le marketing appliqué aux albums
avec pré-annonce de lancement, publicité, publi-reportage, présence
dans les émissions, inondation radio... crée un terrible fossé entre
ces artistes et les autres en terme de temps d'expression, de
lisibilité.
- Quatrième frein, la radio, média naturel de la musique aurait elle ratée le virage du nouveau millénaire ? autant la télé satellite révolutionne l'offre, autant le haut débit permet un surf illimité sur le web, autant les fréquences radio demeurent figées. L'echec des radios libres devenues toutes commerciales et semblables ne proposent ni débouchés ni perspectives de développement.
- Le support lui-même le CD a vécu : fragile, imposant il ne peut légitimement se mesurer aux supports numériques. D'autant qu'il se vend cher.
- La structure de l'industrie elle-même, faite de majors et de puissants labels ne permet plus assez de réactivité. Les voilà incapables de dénicher les nouveaux talents et dépassés par des initiatives non anticipées : le succès de Kamini sur le web depuis son village de l'Aisne, Radiohead qui met en vente son album sur internet au prix que les fans veulent bien l'acheter, Prince qui le propose gratuitement...
- Le piratage enfin qui excuserait tous les points précédents et justifierait les chiffres alarmants et les mesures radicales d'interdiction demandées. Bon, quand j'étais petit, jeune lecteur, j'avais un poste radio cassette à double cassette qui me permettait à la fois d'enregistrer la radio sur une cassette vierge ou de copier une autre cassette. Personne ne nous reprochait rien. Curieux. Aujourd'hui les ventes légales en ligne progressent de 8% ce n'est déjà pas si mal et atténuent encore sûrement le vrai-faux séisme de la fraude.
La musique accumule les fausses notes, la faute surtout à des chefs d'orchestre par trop consuméristes. Et si l'avenir appartenait aux artistes ? et s'il retrouvait une liberté, une autonomie source de plaisir retrouvé pour l'auditeur. Car la demande est bien réelle, et parfois assouvie sous certaines formes en témoigne par exemple le succès des tournées, des spectacles, des lives. A eux aussi de se mobiliser, comme Avril Lavigne, contre cette hypocrisie repressive.
Et gloire aux victimes de ce monde impitoyable : Jeanne Mas a vendu 500 exemplaires de son dernier album, Romane Serda compagne de Renaud, 8000, et Michel Jonasz, 10 000...
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
Vote: Pas encore voté
Identifiez-vous pour voter