Pensées - Attali ou le triomphe de l'égo durable
Ecrit par: ytty54
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Jacques Attali est partout, parle beaucoup, sur tout. A croire qu'il
s'identifie à certains hommes politiques à succès, lui qui de son
propre aveu "vit une seconde jeunesse".
Entre nième ouvrage paru,
présidence d'une commission qui, suprême honneur, porte son nom,
développement de son concept humble de Planet finance, il n'arrête pas.
Ancien
haut fonctionnaire, économiste, écrivain puis homme d'affaires il est
parfois comparé à un Pic de la Mirandole" moderne. Faut dire que le
cursus du Monsieur plaide en sa faveur : polytechnique, école des Mines
de Paris, Science Po Paris, ENA... il peut entrer au Conseil d'Etat à
... 27 ans !
Homme de l'ombre de Mitterrand, il construisit sa
légende sur les notes quotidiennes qu'il rédigeait à l'ancien
Président. Avant de prendre son envol. Irresistible besoin d'ascension,
de reconnaissance, de consécration ?
Son retour sur la scène
politique, après des passages parfois scabreux par les affaires, dans
le camps d'en face qui plus est, ne peut qu'alimenter un sentiment
malsain : le besoin irrépressible de lumière, le souci de laisser
quelque chose dans l'histoire, que l'on parle de lui n'aveuglent t'ils
pas cet esprit brillant fasciné par son égo ?
Jacques Attali est un
homme de principe, sûrement, d'ailleurs il n'évoque pas sa vie privée
mais ajoute volontiers qu'il est sorti « avec plusieurs femmes célèbres et que cela ne s'est jamais su »...
Tout
Attali en somme. Le sherpa de 1981 s'est mué en ultralibéral éclairé
qui veut libérer la croissance d'aujourd'hui tout en prévoyant l'avenir
du monde de demain.
Celui qui fit rentrer à l'Elysée les époux Hollande vénère aujourd'hui Nicolas Sarkozy.
Trop
heureux de s'être vu donner une seconde chance par un Président de la
République coutumier du fait de réveiller les égos endormis, il est
prêt à tout justifier.
Le voilà qui vole même au secours de Rachida Dati et de sa réforme de la Justice pour mieux stigmatiser les "prétendues" élites locales, ces "notables de quelques villes" qui osent s'opposer. Et de les rendre responsables des fermetures de tribunaux par leur incapacité à "éviter le déclin de leur ville". A mieux lire Attali, on comprend que ces prétendues élites sont les "élus, avocats et fonctionnaires".
Vu
son cursus et son parcours professionnel c'est un jugement tout de même
particulier car n'en représente t'il pas la quintessence, lui, de cette
technocratie ? N'y a t'il donc pas de responsabilité de l'Etat dans les
cataclysmes économiques que certaines régions ont pu connaître ? Faut
il donc rendre seuls responsables de la fin de la sidérurgie en
lorraine les élus locaux par exemple ? facile monsieur le conseiller.
Un
conseiller qui explique que malgré cela, ces élites resteront en place
car le peuple ne vaut pas mieux et donc ne les sanctionnera pas.
Pourquoi nous ne valons pas mieux ? parce que nous avons "le sentiment
que tout est dû" alors nous laissons filer les dépenses publiques en
toute conscience...
Mais pas lui bien entendu, notre grand penseur
est au-dessus de cela bien sûr, lui sait gérer c'est sûr. Pourquoi ne
le laisse t'on pas faire d'ailleurs ? Ah oui, peut-être que parce qu'en
tant que président de la Banque Européenne pour la Reconstruction
Européenne il a laissé un sacré souvenir et une telle ardoise ! Les
anglais en rient encore de ses dépenses fastueuses !
C'est vrai qu'il peut donner des leçons aux élites politiques lui qui n'a jamais affronté le suffrage universel.
C'est
vrai qu'il peut imposer une morale lui qui a fondé une association à
but non lucratif, Planet finance, ça jete non ? Bon d'accord le
scandale de l'Angolagate l'a un tantinet éclaboussé mais moyennant une
modeste caution d'un million de francs, le Grand Jacques n'a pas connu
la prison, 20 ans après 1981. Recel d'abus de biens sociaux et trafic
d'influence... Cela fait quand même tâche pour celui qui a, à plusieurs
reprises, connut aussi la honte de l'écrivain dont on doute : plagiat,
affirmation sans preuves, déformations de propos ont émaillé certains
de ses ouvrages comme le fameux Verbatim. Mitterrand disait joliment de
lui qu'il a "le guillemet facile" mais qu'« il est peut-être devenu
plus soucieux du nombre de ses lecteurs que de vérité historique ».
Tout Attali ça, soif de gloire...
Soif de gloire rime avec soif
d'argent, souvent... alors en 2004, il replonge pour financement
occulte de la municipalité de ... Saint Petersbourg. Accusé d'avoir
perçu sans contrepartie deux millions de dollards il sera inquiété par
la justice... russe.
C'est vrai qu'en manipulant tout cet argent c'est plus facile de dénoncer ces petites gens qui "défendent leurs avantages". Celui qui se fit l'apôtre de la fraternité prend ses distances avec le monde d'ici-bas.
Jacques Attali lui se donne un autre destin, supérieur forcément. Plus noble évidemment. Plus intelligent sûrement.
Théorique,
assurément. Moins intéressé, faut pas pousser !!! Car finalement cette
intelligence exceptionnelle n'aura jamais rien mis en application sans
oublier de s'enrichir.
Un peu l'inverse de ces élites locales finalement qu'il dénonce...
Henri
Bergson disait, Monsieur Attali, "La seule cure contre la vanité, c'est
le rire, et la seule faute qui soit risible, c'est la vanité"...
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com
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