Société - L'égalité à toutes les sauces
Ecrit par: ytty54
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Il règne dans notre beau pays depuis quelques mois un étrange culte de
l'égalitarisme qui mèle tour à tour liberté, égalité et opportunité. Le
"On" est alors brandit fièrement : on doit travailler plus, on doit
tous cotiser plus longtemps, on doit pouvoir gagner plus...
Un hymne
collectif au libéralisme seul à même de ramener la croissance, la
richesse. Sous entendu pour tous. Ce qui est déjà moins évident. Ou
alors juste pour moi. Dans un contexte ultra individualiste, cela amène
chacun à regarder vers le haut, à espérer sa réussite prochaine, à
envier celle des autres servies partout.
Vivre un jour comme les
"people" des magazines, voilà notre nouvel opium du peuple, nous,
peuple de France, ce pays magique où la lutte des classes a rendu son
verdict : le capital l'a emporté.
Alors maintenant que fait-on ?
J'exagère
? peut être mais un éclairage de "L'état des inégalités en France"
publié récemment par l'observatoire des Inégalités vaut tous les
discours - extraits :
10 % des plus fortunés détiennent 46 % de la richesse du pays.
Cinq millions de personnes continuent à vivre dans des logements dangereux et insalubres.
15
% seulement des résidences construites en 2005 ont des niveaux de
loyers accessibles aux ressources des deux tiers des ménages de France.
Inégalités financière, immobilière qui rejaillissent sur la santé, l'éducation...
Dix fois plus d’obésité dans les familles ouvrières (7,4 %) que dans les familles de cadre (0,7 %)
Les fils de cadres ont 2,9 fois plus de chances que les ouvriers d’avoir leur Bac.
6 % d'enfants d'ouvriers dans les classes préparatoires des grandes écoles. Les enfants des cadres supérieurs y sont 54 %.
Sans espoir de représentation politique :
La moitié de la population active est composée d’ouvrier ou d’employés ; 5,5% des députés en sont issus.
Loisirs, culture sont également concernées, par exemple, 49,4 % des ouvriers partent en vacances ; 88,2 % des cadres...
et ainsi de suite... sans parler du sexe ou de l'âge qui peuvent être des facteurs aggravants. Ainsi cette donnée originale : en 1975, les salariés de 50 ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que les salariés de 30 ans. Aujourd’hui, l’écart est de 40 %.
En
France, un individu est officiellement considéré comme "pauvre" quand
ses revenus mensuels sont inférieurs à 681 euros. C'est dire
qu'aujourd'hui on peut travailler et être pauvre.
Au
sens le plus strict du terme on frôle donc les 4 millions de pauvres
dont plus d'un million travaille. Et le chiffre de 7 millions est
régulièrement avancé.
Dans
une société où le mariage se zappe aussi vite qu'un sitcom, on peut
louer certes la réussite des familles recomposées mais considérer aussi
que cela génère des familles monoparentales fragiles. 46% de ces
familles monoparentales vivraient sous le seuil de pauvreté sans les
aides sociales.
Tous les âges sont concernés, les anciens à petites
retraites que le poids de l'immobilier affaiblit, les jeunes sans
emploi ou qui ne parviennent à intégrer le marché du travail et les
enfants, près d'un million dans l'hexagone...
Cela se passe ici
et aujourd'hui comme dirait la chanson. La journée du refus de la
misère n'a jamais aussi bien porté son nom tant il semble que tous les
autres jours de l'année notre société la refuse, fait tout pour
l'ignorer, la rejeter comme une menace, un risque dont on ne veut pas
entendre parler. Alors c'est la fuite en avant vers l'instantané, le
clinquant, l'ostentatoire, car on ne sait pas de quoi demain sera fait,
de moins en moins. Le système social à la française est sans cesse
montrer du doigt comme la cause de nos maux : c'est à cause de lui que
la France végète, que les discours politiques prometteurs n'ont pas de
résultats et que moi-même ne réussis pas.
Sur ce sujet comme sur
d'autres notre vieille morale chrétienne est bien discrète voire
absente. Il faut dire qu'à l'instar de ceux qui gouvernent la France,
elle aussi se décomplexe de l'argent. Benoit XVI ne vient-il pas de
passer ses vacances d'été dans la belle province de Vénitie pour la
coquette somme d'un million d'euros payé par le contribuable régional ?
Un vieux prètre italien s'est permis d'écrire à sa Sainteté «
Cher pape, ça ne va pas. » « Quand tu te regardes dans la glace, ton
visage doit être celui du Christ sur terre […] mais comment durant de
telles vacances peux-tu ressembler à Jésus, mon maître comme le tien,
qui n’avait même pas une pierre pour poser sa tête ? » « Trop de tes
fils ne vont pas en vacances pour que tu puisses te permettre des
vacances de 2 milliards ».
Après 2007 et la lettre de Guy Mocquet, en 2008, place à la lettre ouverte du prêtre italien Armando Trevisiol ?
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com
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