Srebrenica n'en finit pas
Ecrit par: ytty54
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Un nouveau charnier vient d'être découvert à Kamenica. Plus de 500
corps exhumés, enième réminiscence du massacre de Srebrenica, plus
grande tuerie que l'Europe ait connue depuis la dernière guerre
mondiale. Comme si cette tâche sombre, symbôle de l'échec européen et
occidental, n'en finissait pas de se rappeller au bon souvenir de ceux,
nombreux, qui voudraient qu'elle n'ait pas existé...
Du 11 au 16
juilet 1995, les serbes de Bosnie investissent cette petite enclave à
majorité musulmane "défendue" par 500 casques bleus hollandais. Ces
derniers, en l'absence de soutien aérien et de directives claires,
laisseront faire le macabre tri femmes-enfants/hommes.
8000 personnes seront ainsi éliminées méticuleusement. Une cinquantaine de charniers ont depuis été recensés...
On espère que Srebrenica n'en finit pas de hanter les nuits de ceux, militaires et politiques, qui laissèrent faire.
Les responsables ?
Les
Serbes de Bosnie d'abord bien sûr autour de Ratko Mladic et son chef
politique Radovan Karadzic. Leur projet ethnique était clair et peut
être considéré comme atteint puisqu'aujourd'hui la ville est serbe.
Tous deux sont toujours en fuite c'est dire la maîtrise de ce dossier
par les hautes autorités judiciaires... c'est dire peut être également
le peu d'empressement de beaucoup à ce qu'ils s'expriment.
L'ONU ensuite.
Car
résister, intervenir, en plus de juste s'interposer, c'était possible
comme déjà en 1993 le général Morillon avait tenté de le faire vraiment.
Sa
synthèse de l'évènement deviendra avec le temps un témoignage à charge
: "je suis convaincu que la population de Srebrenica est tombée victime
de la raison d’Etat, mais d’une raison d’Etat qui se situait à Sarajevo
et à New York, et certainement pas à Paris."
Sarajevo et New York, deux capitales en pleine discussion à l'époque des faits font partie du réquisitoire.
Car
dénoncer le départ et l'inactivité des casques bleus hollandais ne doit
pas faire oublier que, sur ordre de la présidence bosniaque, les forces
de Bosnie avaient déserté Srebrenica avant l'assaut serbe. La prise de
position de la communauté internationale aux côtés des musulmans devait
être déclenchée par un fait majeur. Srebrenica fut celui-là.
Les
Etats-Unis, soucieux de reprendre la main sur ce terrain au détriment
de l'ONU, promirent l'intervention de l'Otan si survenait un fait
majeur. Srebrenica fut celui-là.
Les gouvernements occidentaux
enfin, qui manièrent la gloriole et l'à-peu-près sans jamais vouloir
mesurer l'antériorité de ce conflit (des siècles) et sa haine
emmagasinée. Qui se sont satisfaits d'un dispositif onusien minimaliste
et bien sûr insuffisant et qui vendirent à leur opinion publique le
principe de la guerre propre. Dans la continuité de la guerre du golfe
et ses célèbres frappes chirurgicales, les occidentaux se sont engagées
en Bosnie avec cette drôle d'ambition : "0 mort".
Pas de mort, pas
de responsabilité, pas d'engagement, notre nihilisme politique n'est il
pas finalement notre pire ennemi ? Nous le masquons en multipliant les
sujets d'intérêt, les actions de communication pour mieux amener
l'opinion politique à zapper inlassablement. Qui se soucie de la Bosnie
et de Sebrenica aujourd'hui ?
Pourtant, Sebrenica en terme de morts
civils, c’est plus de dix Oradour-sur-Glane, plus de deux fois le
11-Septembre new-yorkais, plus de cent fois les attentats de Londres...
le tout à 1h30 de Paris mais nous ne vivons pas au rythme du
relativisme et des chiffres réels, juste au rythme de l'impression et
de la sensation.
Nous le paierons sûrement un jour en Iran ou
ailleurs quand notre aventurisme désuet et calculateur se heurtera au
froid réalisme d'un adversaire déterminé.
Notre confort quotidien et notre grandiloquence seront mis à mal. Que serons nous alors capables de faire ?
Qui
veut mourir pour Sarajevo ? personne me répondait-on jadis et c'était
vrai. Quoique, des soldats français y sont morts avec courage et
bravoure, il reste donc quelques enclaves de valeurs en France,
saurons-nous mieux les protéger que Srebrenica ?
Mourir
en combattant, c'est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant,
c'est payer servilement à la mort le tribut de sa vie. Shakespeare
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com
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