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Brigitte Valin, sculptrice, parle de ses techniques de sculpture en bronze, de modelages en terre, modelages en cire, du travail avec un modèle vivant nu.

Ecrit par: brigitte valin
Nombre de lectures: 2815
Nombre de mots: 432

Le travail avec un modèle

 

Quand je travaille face à un modèle nu, j'aime avancer vite, sans réfléchir, tout mettre en place d'un jet, en quelques minutes ou quelques heures, suivant le format, pour saisir cette rencontre entre mon regard, mes mains et l'autre, installé sur la sellette, qui m'offre sa présence. Ainsi la sculpture prend forme.

 

 Puis viens l’étape suivante de mon travail de sculptrice. Dans le calme de mon atelier, seule, j'essaye de renforcer ce qui s’est dégagé de la pose, je tente de rendre cohérent, d'éliminer l'inutile pour ne garder que l'essentiel, à tâtons, avec lenteur et hésitations.

Les terres sans armature

Je construis les terres qui cuiront sans armature fixe, tassant, tapant, soutenant par des tiges coudées plantées dans une base épaisse, ossature que je peux déplacer au fur et à mesure que la sculpture prend forme.
Au fur et à mesure que la terre durcit, je coupe, je creuse, puis je rassemble ; je tourne et j'ôte les tiges, je gratte, je soutiens, afin de cuire le travail séché très lentement.

Les terres sur armature

Les terres sur armature, qui peuvent être plus grandes, ont un squelette fixé et immobile.
Il est en bois (noisetier et bambou) ligaturé avec de la ficelle puis travaillé avec des mélanges de branches de bambou avec feuilles et terre mêlées de liant durcissant au séchage; ou alors c'est une forme en grillage recouverte de tissus tendus, imprégnés de terres, ou encore une armature en fer à béton, pour un travail en terre qui restera humide et sera moulé, selon une technique plus classique.

La cire

La cire est modelée à température du corps sur une armature flexible, en laiton généralement et demeure un matériau éphémère. Le mélange à base de cire d'abeille teintée que je prépare à chaud me permet de travailler le déséquilibre des pièces en tension mais également la finesse des empreintes, la sensibilité de la matière ainsi que la précision, grâce à des outils chauffés à la bougie.

Dernières étapes

Une fois toutes ces cuisines abouties, la sculpture se transforme encore par la technique du moulage en plâtre, élastomère ou latex; par le passage au bronze, comme la lave d'un volcan qui saisit la vie et lui donne une grande dureté ; par la patine que je travaille le plus souvent, s’il s’agit d’une terre cuite, avec des pigments et des liants acryliques ou des cires colorées pour faire sortir les volumes.

A propos de l'auteur

La sculptrice Brigitte VALIN découvre très jeune le modelage de l’argile, qu’elle travaille avec des terres cuites aussi bien que des techniques classiques de sculptures de plus grands formats montées sur armature. Elle apprend les techniques de moulage des œuvres sculptées, ainsi que le modelage en cire sur armatures en laiton et différentes techniques de fonte du bronze.

 

Elle sculpte avec des modèles nus depuis 1969, avec une passion toujours là pour ces échanges entre la sculpture qui prend forme, celui qui pose sur la sellette et l’espace du regard où se joue la création, bien au delà de la figuration. A ce jour, plus de 300 oeuvres existent, venez découvrir l’univers onirique des sculptures contemporaines de cette artiste, sur son site http://www.sculpt-brigitte-valin.com

 

Pour l’artiste, sculpter, c’est s’ouvrir à l’improbable et lui donner une forme. Montrer sans démontrer. Frotter, user, pétrir, appuyer, caresser à fleur de terre et de peau, faire vibrer la matière, et surtout s’empêcher de penser : les sens pour saisir le sens et viser l’essentiel, sans se perdre. Elle modèle l’argile et la cire, les fait danser entre ses mains, matières à la fois fixes et mouvantes, incertaines comme la vie. Ses sculptures naissent de la terre et de son ventre. Elles racontent des histoires non dites qui n’existeront jamais. Aériennes et funambules, jamais lisses, elles portent aussi en elles le poids de l’existence et de l’humanité, comme Orphée terrassé qui osa regarder l’invisible.

 

Pour moi, dit-elle, la question n’est pas d’avoir des idées originales ou d’être toute-puissante, mais de saisir les failles - les miennes, celles du modèle, celle de la matière - pour que surgisse la vie du magma organique.


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