Economie - Le petit monde étrange de la grande distribution
Ecrit par: ytty54
Nombre de lectures: 1435
Nombre de mots: 786
Sacré destin pour ce mode de distribution né vraiment après la deuxième
guerre mondiale, le premier hypermarché ne s'implantant même qu'en
1963. 45 ans plus tard leur présence est manifeste voire dicte
l'équipement commercial et un peu l'urbanisme de notre quotidien.
Une
histoire cependant loin d'être aussi... linéaire que leurs allées,
attaqués qu'ils sont désormais sur ce qui faisaient leur force, la
variété et le prix.
Dans un premier temps la lutte fit rage face aux
ennemis déclarés du commerce indépendant et de spécialité. Ces derniers
anéantis, une période de croissance et de toute puissance s'en suivit
avec un quadrillage systématique de notre territoire et un
agrandissement des surfaces de vente. 5 centrales d'achat accaparent
alors 90% du marché. Jusqu'à ce que ces mastodontes de la distribution
n'aient plus guère de terrains à conquérir et se trouvent même en
concurrence puisqu'on recense aujourd'hui plus de 1300 hyper dans
l'hexagone. Pour poursuivre leur nécessaire croissance, ils
privilégient les marques de distributeurs, façon habile de noyauter et
limiter le pouvoir des producteurs. Crise du pouvoir d'achat en prime
puis dans un contexte de loi Galland contraignant, les grandes surfaces
connaissent un nouveau millénaire délicat.
Le développement des hard
discounts les obligent à repositionner leur politique de prix alors
même qu'elles croyaient pouvoir facilement triompher du marché. Entre
2001 et 2005, 1000 de ces magasins poussent dans nos campagnes... En
réaction, voilà la grande distribution qui s'équipe bientôt d'espace
discount. Mais c'est l'international qui leur offre alors une nouvelle
frontière tant à l'Est qu'en Asie tout en les coupant désormais d'une
véritable terre d'origine. On les voit alors adopter des stratégies
étonnantes pour conquérir. Carrefour s'impose ainsi pour obligation
d'être dans les trois plus gros distributeurs de son pays pour demeurer
en place, ou que 80% de ses produits proviennent d'un rayon de 100
kilomètres, ou que les prix en région rurale soit 30 à 40 % inférieur à
ceux de la capitale.Des
choix particuliers à l'heure où ces grands groupes pressent le pouvoir
politique de modifier la législation française en sa faveur.
Rationalisation
et optimisation sont les maîtres mot du moment tout en conservant un
oeil sur le e-commerce et en s'engageant dans les techniques de RFID en
prévision de futures caisses automatiques...
La guerre des prix est
en place, Leclerc y allant même de son comparateur de prix. La
production française souffre forcément de cette situation et survit
quand elle peut à des règles implacables : si 500 000 nouveaux produits
apparaissent chaque année, 50 poussent les portes des enseignes
alimentaires. Et un produit sur 70 fête son premier anniversaire...
rude.
Une guerre des prix pas trop du goût des consommateurs qui
s'aperçoivent de hausses très significatives même sur les produits les
plus basiques. Ni des caissières soumises à des emplois partiels et des
salaires maigrelets au sein de groupes fortement bénéficiaires.
Des
réformes sont annoncées comme la possibilité de travailler le dimanche
ou la révision des loies Galland, Royer, Raffarin. Ainsi, la commission
Attali propose d'en finir avec les procédures d'autorisations
d'implantations de nouveaux points de vente.
Dans ce scénario, "des transferts importants de parts de marchés" pourraient se faire "vers le hard-discount"
Plus généralement c'est une libéralisation générale qui est promise pour une intensification de la concurrence par les prix.
Une
orientation pas très appréciée des intéressés qui promettent déjà,
drôle de chantage, que la grande distribution risque de perdre près de
40.000 emplois d'ici 2015, soit 6,3% des effectifs, en cas
d'intensification de la concurrence par les prix entre enseignes.
Décidément,
ce secteur clé se trouve au-devant de choix drastiques qui impliqueront
forcément notre quotidien. Sans que l'on devine vraiment en quoi, dans
un sens ou dans l'autre, nous y trouvions un avantage. Car une guerre
des prix préservera notre porte-monnaie mais fera de nombreuses
victimes tout en paralysant l'emploi et les rémunérations des salariés
de ce secteur.
"La mondialisation engendre, aujourd'hui, bien des peurs : peur de voir s'aggraver les dangers réels que court notre environnement, peur de voir s'accentuer les déséquilibres entre les pays, les régions et les peuples, peur en somme de perdre toute maîtrise de l'avenir. Chez Carrefour,
nous avons, au contraire, foi dans l'avenir du monde. Présents dans 29
pays, nous vivons cette 'mondialisation positive' de l'intérieur, au
coeur des populations, et croyons qu'une mondialisation équitable,
respectueuse de la diversité de chacun, est possible. [...] Engagés
depuis des années dans une démarche de développement durable, nous nous
efforçons, jour après jour, de concilier les impératifs économiques
propres à notre entreprise avec les besoins de la société, le respect des règles de l'économie et la protection de l'environnement."
disait Daniel Bernard, PDG de Carrefour.
Enfin
l'ancien PDG de Carrefour car ce chantre de la mondialisation positive
a quitté le groupe avec une indemnité de ... 38 millions d'euros. C'est
plutôt positif non ?
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
Vote: Pas encore voté
Identifiez-vous pour voter