Renault - Carlos Ghosn, leader à bas coups ?
Ecrit par: ytty54
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C'est
au moment où une grève de grande ampleur se termine dans les usines
Renault-Dacia en quête de substantielles revendications salariales que
les émoluments du patron fétiche Carlos Ghosn sèment le trouble : entre
rigueur budgétaire et largesse personnelle, entre marque au losange et
ersatz à bas coûts, entre quête de productivité et suicides... la liste
est longue des avatars qui jalonnent le parcours de la marque française
depuis qu'une star du management international en a pris le contrôle...
Racheté
en 1999 par Renault, Dacia a commercialisé plus de 230 000 unités en
2007 en Roumanie et à l'étranger, une hausse de 17,4 % par rapport à
2006. Un ouvrier, parmi les... 13 000, y gagne environ 1 900 lei brut
(530 euros) par mois. Après près de trois semaines de conflit, 100
euros supplémentaires environ viennent agrémenter le maigre pécule.
Un
conflit qui s'enlise dans un contexte difficile pour l'ensemble du
groupe après une année 2007 plutôt morose. Un groupe qui possède à sa
tête un golden boy habitué des magazines principalement des unes plutôt
sélect tel
Fortune. Si Renault souffre face à la concurrence, Carlos lui ne laisse
que des miettes à ses adversaires : sur le podium (3°) des salaires les
plus élevés du CAC 40, il prend même la deuxième place des patrons de
l'industrie automobile derrière Porsche... tandis qu'il l'emporte au
classement des patrons européens les mieux payés avec la bagatelle de
plus de 45 millions de dollars. Par la grâce des stocks options.
On
pourra ainsi retenir que si la grève roumaine est estimée à «13
millions d'euros » de manque à gagner comme s'est dépêché de le
préciser le "constructeur" franco-roumain, elle ne risquait pas encore
d'envoyer notre star brésilienne sur la paille...
Au-delà de
l'aspect cocasse, ce conflit d'ampleur marque la fin d'une époque,
celle où l'Europe de l'Est faisait figure d'eldorado proche, facile
et... rentable.
Bien sûr les bénéfices actuels ne doivent pas faire
oublier les lourds investissements matériels et humains nécessaires au
tout début de ce millénaire. Mais la croissance est au rendez-vous et
avec elle un cercle vicieux que la marque française ne contrôle plus :
en 2007, le revenu d'un opérateur était déjà plus du double de celui
dispensé en 2003.
Hors Europe de l'Est d'où viendra le salut ? pas
forcément de Russie où le salaire moyen atteint déjà 700 euros. Alors
l'on parle plutôt du Maroc, du Brésil, de l’Inde, de l'Argentine ou
de... l'Iran d'où viennent de sortir 15 000 véhicules mais dont Renault
attend, espère, 250 000 unités bientôt !Depuis
son arrivée à la tête de Renault, Carlos Ghosn a boosté le programme
Logan pour parvenir à ce qu'une voiture sur cinq produite par Renault
soit une low-cost.
Aujourd'hui les investissements dans les
pays à bas coûts sont de moins en moins rentables et les zones de
progression pas si évidentes : la production des divisions Euromed,
Amériques, et Afrique-Asie a progressé de 20, 50 et 32%. Dépassant la
barre du million de véhicules. Et demain ? deux écueils se dressent :
D'abord
le fait qu'aujourd'hui la croissance du groupe dépend de ses modèles
low-cost : au premier trimestre 2008, Renault affiche +6,5% par rapport
à 2007 mais en considérant que les ventes de Renault proprement dit
sont à + 4,7%, celles de sa marque roumaine Dacia à ...+ 37%. Pire sur
son historique marché européen Renault est en recul de 2% malgré... le
succès sans précédent des Dacia ! En janvier 2008, en Europe, les
ventes de Dacia bondissaient de... 118,1%. Pour 2008, l'objectif est de
vendre 750 000 Logan en s'appuyant sur une nouveauté, le pick up. Une
situation
quelque peu paradoxale, un emballement suspect et pas forcément
maîtrisé. Peut il vraiment s'agir d'une manoeuvre délibéré, ou
désespérée ? Renault peut-il vraiment jouer sur les deux tableaux sur
un même marché ? j'en doute.
Deuxième écueil, les deux monstres de
l'économie de demain, la Chine et l'Inde n'attendent rien de
l'ambitieux Carlos Ghosn qui reconnait du reste ne pas disposer de
produits adaptés à ces nouveaux marchés. Au-delà, ce sont ces nouveaux
marchés qui proposent des produits plus adaptés : Tata motors a lancé
en janvier une voiture à 100 000 roupies soit environ 1700 euros.
De nouveaux investissements en perspective...
A
la croisée des chemins, l'ex Régie se lance dans un drôle de baroud
avec le lancement annoncé de pas moins de 9 nouveaux modèles cette
année. Une obligation si CG veut réussir son plan "Renault contrat 2009"
« Avec
une vision stratégique claire et des objectifs priorisés, précis et
mesurables, j’ai la conviction que Renault deviendra, dans le cadre de
l’Alliance, une grande entreprise automobile mondiale, performante dans
la durée" dixit le grand manitou. Un positionnement
et une stratégie pour l'heure aussi enfantins que de changer le phare
avant droit d'un Scenic (et j'ai un Scenic). Un programme qui se résume
peut être finalement à une réduction des coûts et une optimisation des
investissements. Pas sans casse, l'homme n'est pas connu pour sa
préoccupation sociale. Mais les réguliers suicides reconnus à caractère
professionnel ternissent un peu plus l'image d'un manager peut être un
peu vite encensé et pas très porté sur l'humilité...
"Il en est des défauts comme des phares des automobiles : seuls ceux des autres nous aveuglent"
Maurice Druon
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
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