Le coach et l'honnêteté
Ecrit par: Hilem
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C’est avec un brin de coquetterie que devant la glace ornant la porte d’entrée, Belame Di Concerto ajuste le col de sa veste. Le noir de son costume, porté sur une chemise blanche, épouse à merveille ses cheveux corbeau. Scrutant sa silhouette de haut en bas, il abandonne au miroir un sourire satisfait. Il referme la porte derrière lui et quitte son appartement parisien.
Il est six heures en ce matin de mai. Le jour naissant étend son étreinte sur la nuit et le ciel arbore un horizon de cirrus que le soleil levant peint en rose. L’air est frais. Marchant d’un pas ferme dans les rues encore quelque peu endormies, il se dirige vers son lieu de travail sans perdre une miette de ce que la nature arrive encore à offrir à ses sens dans ce paysage urbain.
Après une escale au bistro du coin, le voilà trente minutes plus tard devant la façade d’un immeuble à fière allure. A côté de la porte on aperçoit plusieurs plaques dorées annonçant ici un avocat, là un expert comptable, encore ici un architecte et sur l’une d’entre elles on lit : « Belame Di Concerto. COACH ». Sortant un mouchoir en papier de sa poche il l’essuie consciencieusement, et s’engouffre sous le porche. A l’ascenseur il préfère l’escalier. Il entame la montée des marches d’un pas alerte jusqu’au quatrième et dernier étage. Au passage il jette le mouchoir souillé dans la première poubelle murale qu’il rencontre, à la manière d’un lancé de basket.
Lorsque la porte de son bureau s’ouvre sous son tour de clés, son visage soudainement se pare d’un sourire enfantin et son regard se perd dans la grande baie vitrée lui faisant face.
_ Bonjour ma belle ! S’exclame t-il les yeux pétillant.
La belle dame de fer trône de toute sa grâce, au loin, plantée dans un décor de carte postale.
Il referme la porte derrière lui, regarde sa montre et ajoute :
« _ Aller ma jolie ! Brille pour moi ! C’est l’heure. »
Aussitôt, on aperçoit au loin la tour Eiffel brillant de mille éclats comme elle le fait chaque nuit toutes les heures pendant dix minutes. Il s’avance vers la vitre, tourne son fauteuil vers elle et s’installe pour un tête à tête silencieux, platonique et intime.
Lorsqu’il se lève de son fauteuil, la grande aiguille de sa montre a avancé de deux chiffres. Il délie le fil, noué en huit sur le bord de la fenêtre, un store se met à descendre lentement tel un rideau tombant sur la fin d’une représentation.
« _ A demain ma jolie ! » Lance t-il à sa belle de fer dans l’obscurité tombante.
Il s’assoit à son bureau, allume une petite lampe, se saisit d’un registre en cuir noir, le fixe et d’un léger toucher de l’index parcourt l’inscription en relief :
« Journal de bord d’un Coach ». Brusquement il affiche une mine sérieuse, grave, lourde. Les yeux pétillants qui admiraient, quelques instants auparavant la belle étincelante semblent à présent plonger dans un monde invisible, intérieur.
Prenant une grande inspiration tel un plongeur en apnée et guidé par un ruban de satin rouge en guise de marque page, il ouvre son journal. La page de droite, blanche, pure semble s’offrir à la semence de son esprit telle la terre s’offrant aux graines du paysan. Comme à l’accoutumée, c’est avec force de labeur qu’il inscrira des lignes rédigées, comme le laboureur trace à force de sueur des sillons alignés. Chacun des deux puisant à la source de leur âme l’énergie nécessaire pour donner du sens à leur condition humaine.
L’agriculteur, le coach vivent de ce qu’ils sèment. L’un cultive le blé qui nourrit l’homme, l’autre cultive l’espoir qui grandit l’homme.
Silencieusement un rayon de soleil s’immisce entre les inters cistes du store. Il semble s’inviter à une lecture discrète des mots qui vont naître sous la pointe du stylo argenté de Belame.
Alors suivons à notre tour, avec discrétion, ce lecteur indiscret.
Mercredi 13 mai 2012
« … Il m’est très pénible d’affronter la feuille blanche. J’ai un horizon à atteindre sans la moindre idée de comment y parvenir. Je navigue à vue. Alors tout un processus se met en marche. Elle me semble impénétrable, inaccessible, immense, intransigeante. Je l’imagine scrutant le moindre mot que je pourrai déposer sur sa surface immaculée, attendant patiemment mes maladresses, mes mauvaises tournures, mes fautes d’orthographe, mes phrases vident de sens, mes incohérences narratives et que sais-je encore ? Je vois son doigt accusateur m’intimant d’arrêter de la noircir. Je devine son regard réprobateur ordonnant le dépôt de ma plume. J’entends ses ricanements me couvrant de honte. Je sens le poids de son jugement implacable. Alors lentement, insidieusement j’abdique ! Je sonne la retraite. J’entrevois la fin avant même le commencement. Soudain, le fardeau de l’échec me tombe dessus telle une enclume. Je me noie dans l’encre que je n’ai pas osé faire couler. J’étouffe d’être bâillonné. Chaque inspiration déverse dans mes poumons le poison de la capitulation. Mon sang se fige et de la page blanche surgit un visage hideux hurlant d’une voix gutturale : « Ah ! Ah ! Je suis ta peur! » Et une fois de plus je reste pétrifié !... ».
Belame lâche son stylo, dépité. Les lignes qu’il vient d’écrire ne sont pas celles qu’il s’imaginait. Il semble les avoir produites à la seule fin de déjouer son manque d’inspiration. Dans le but de s’astreindre à écrire comme il le fait quotidiennement.
Poussant un long soupir il s’enfonce dans son fauteuil, se passe la main dans les cheveux et penche légèrement sa tête en arrière. Ses yeux rencontrent la blancheur du plafond. Décidément le blanc semble le narguer. Instinctivement il détourne son regard comme une main fuyant une flamme. Son attention se réfugie alors vers la bibliothèque accueillant des livres accumulés au fil des ans. Des ouvrages écrits par des êtres humains qui comme lui et bien avant lui ont sans doute subit les affres du syndrome de la page blanche. Se sentant relié à ces innombrables auteurs par une souffrance commune, il se lève et se dirige vers eux, vers leur héritage. Debout face à ces œuvres, sa main les caresses respectueusement. Il cherche du réconfort, de l’inspiration. Il ferme les yeux, se saisit de l’une d’entre elles, au hasard. Lorsqu’il les rouvre, il tient dans les mains le livre de Guy Ausloos : « La compétence des familles ». Tandis qu’il retourne à son fauteuil pour le feuilleter, une feuille pliée en quatre s’échappe de l’ouvrage. Il la ramasse et s’installe à son bureau. Un brin fébrile, il la déplie. Une vague de nostalgie le submerge. Il s’agit d’un document daté de trois ans auparavant, époque à laquelle il avait initié son parcours de formation au métier de Coach. En haut à droite on distingue le logo et le nom de l’école : « Médiat-Coaching ». Au centre le titre du document indique « Activer le processus ». Il le parcours rapidement des yeux et retourne la feuille. Au verso de celle-ci figure tout en bas une annotation manuscrite : « Ecrire pour Isabelle et Nicolas un article sur le dixième précepte d’activation du processus. » Il se souvient alors que jamais il n’a écrit cet article.
Il se remémore combien il a peiné pendant des jours pour accoucher d’un texte digne d’être lu. Les multiples versions de l’article étaient tout à fait dignes d’intérêt. Seulement le fruit de son inspiration n’était pas à la hauteur du rêve qu’il nourrissait en secret. Le but ultime que cachait l’objectif d’écrire un article était bien trop grand pour ce cadre restreint, imposant un style et une forme bien précise. Avec le recul il sait qu’il a failli à son engagement sous l’autel de son orgueil. Le souvenir de cet abandon le couvre, trois ans plus tard, d’un sentiment de culpabilité. Conscient que l’on ne refait jamais l’histoire, que le présent ne se vit qu’une fois, il reprend d’un air revanchard son stylo argenté, se jette malgré tout sur son journal. Il semble tenir, là, l’inspiration qui lui manquait.
Quitte à aborder un sujet auquel il ne pensait pas, l’heure de vaincre cette fichue page blanche est venue.
Au même instant, le jour a chassé définitivement la nuit. Au tout premier rayon de soleil s’est adjoint un autre encore plus lumineux, plus curieux.
Le bureau devient l’arène où va se jouer un combat fratricide. L’encre va couler !
La bibliothèque est à présent la tribune d’où jaillissent les encouragements de ceux qui ont partagé et porté en eux le désir d’écrire. Belame se sent pousser des ailes. Les mots jaillissent en un jet continu. La fluidité de son geste donne à croire que les mots ne naissent pas de la pointe du stylo, mais qu’ils apparaissent sur son passage. Comme s’ils étaient là depuis toujours, tapis dans cette blancheur aveuglante.
Installons-nous auprès des spectateurs silencieux et découvrons ce que la blancheur du papier recèle comme mots cachés.
« Regard sur les préceptes d’activation du processus de Guy Ausloos »
Guy Ausloos dans son premier précepte nous invite, nous praticiens, à nous concentrer sur le processus et laisser la charge du contenu au client.
Le deuxième précepte nous exhorte à ne pas essayer de tout comprendre du contenu qu’apporte le client en séance ; que seul le client comprend ou sera amené à comprendre la matière qu’il injecte dans le système ; que dans tous les cas de figure la compréhension n’apporte pas implicitement de solution.
Le troisième précepte nous suggère de ne pas chercher à recueillir toutes les informations. Que ce faisant, le client tiendra d’autant plus à nous les donner. Alors nous aurons à faire circuler l’information pertinente. Celle qui provient du système et y retourne.
Le quatrième précepte nous alerte de ne suivre aucune piste a priori. Nous risquerions de passer à côté de celles qui s’ouvrent et qui permettront le changement. Que si nous avons l’impression d’en suivre une par mégarde, de l’abandonner aussitôt. Car le client risquerait de penser que nous savons.
Le cinquième précepte nous autorise à nous poser des questions qui semblent ne pas avoir de sens pour nous. Elles en auront peut-être pour le client. En somme, si nous ne savons pas pourquoi nous posons une question le client le sait peut-être.
Le sixième précepte nous appelle à refuser toute disqualification, blâme ou jugement de sorte que le client ne puisse nous disqualifier.
Le septième précepte attire notre attention sur nos solutions, lesquelles ont sans doute déjà été trouvées par le client sans qu’elles ne lui ont permis de changer.
Le huitième précepte nous incite à demander au client son aide quand on ne sait plus que faire. Cela renversera la position dans laquelle il a l’habitude d’être.
Le neuvième précepte souligne que la seule personne que l’on puisse changer c’est nous même. Alors occupons-nous de notre confort.
Enfin le dixième précepte, celui sur lequel je souhaite m’attarder ici, nous dit que tout ce qui précède est soumis à la règle suprême de l’honnêteté. Que nous ne devons ni dire, ni faire, ni demander ce que l’on ne puisse avouer. Que les mensonges sont bien trop encombrants.
Après ce rappel de l’ensemble des préceptes attardons nous sur la compréhension que l’on peut avoir de l’honnêteté sur laquelle repose les neufs préceptes.
Pour ma part il convient en premier lieu d’apporter un éclairage sur le sens que prend l’honnêteté dans ce précepte.
Je plonge dans le dictionnaire et vais mettre à l’épreuve mon intuition, ce que m’inspire l’auteur quant à l’utilisation qu’il fait du mot Honnêteté … »
Belame se saisi du Robert illustré se trouvant sur son bureau, le parcours, le repose et reprend sa plume.
« … L’auteur nous dit de ne rien dire, rien faire, rien demander que l’on ne puisse avouer. J’ajouterai que l’on ne puisse s’avouer. En cheminant à travers les renvois aux synonymes que le dictionnaire m’a tendus, ma compréhension se structure et prend davantage de consistance. Je me conforte dans mon postula de départ, ma première impression qui fût que l’honnêteté dont parle l’auteur est celle qui renvoi à la bonne foi, à la loyauté et à l’intégrité. Tant vis-à-vis d’autrui que de soi.
Parcourons les préceptes tantôt en habillant le coach de cette vertu, tantôt en le dépouillant de celle-ci. Voyons l’éclairage que cela nous apporte.
Le coach de bonne foi, se concentrera sur le processus parce qu’il sait que cette posture amènera le client à trouver lui-même ses réponses et le sens à ses propos. En revanche le coach dépourvu de cette qualité, pourrait au détour d’une séance se concentrer sur le processus pour mieux cacher l’ennui que le client lui inspire.
Le praticien loyal ne cherchera pas systématiquement du sens dans ce que le client apporte en séance. Son lâcher prise face à la compréhension répond à son besoin de navigation, de distanciation. Un professionnel peut être confronté à la confusion, l’incompréhension du fait de ses propres limites intellectuelles. S’il est dépourvu de loyauté, il se mentira à lui-même et se cachera derrière les besoins du coach honnête.
Le coach qui ne cherche pas à recueillir toutes les informations, s’il est de bonne foi adoptera cette posture parce qu’il sait que son client tiendra d’autant plus à les lui fournir. Attentif, il décèlera et ne retiendra que l’information qui fait avancer le système, que le client et lui forme dans l’ici et maintenant de la séance. Par contre, malheur au client dont le coach adopte cette posture par paresse et lui laisse toute la charge du travail. Le flot d’information qu’il déversera se fera en pure perte. Tôt ou tard le système atteindra son point de rupture.
Le professionnel de l’accompagnement honnête accueille la problématique du client avec le souci de converser avec art et patience afin de permettre à celui-ci de cheminer vers sa propre solution.
Pour une raison ou une autre, le coach peut être tenté d’introduire une piste a priori. Dès lors qu’il s’en aperçoit au cours de sa navigation, il a le devoir de s’en éloigner au plus vite pour éviter de passer à côté d’une piste pertinente produite par le système. Ainsi le client pourra également poursuivre sa dynamique de travail car non influencé par le savoir du coach. Le professionnel dont la posture ne repose pas sur l’honnêteté pourrait appliquer ce précepte uniquement par orgueil parce convaincu, en son for intérieur, que la piste qui lui est venu a priori s’avère être inefficace, sans se soucier de son client.
Le client ayant choisi un coach honnête aura peut-être l’occasion de voir ce dernier poser des questions sans savoir pourquoi il les pose. Il pourrait à cette occasion entendre son coach exprimer sa perplexité face à cela. Il expérimenterait ce qu’est le recyclage du praticien. Tout comme il pourrait être lui-même la caisse de résonance de ces questions en apparence insensées. Mais il pourrait, hélas, avoir choisi un énergumène dont les questions sans queue ni tête n’ont d’autre but que de meubler le temps ou de feindre un savoir intellectuel abstrait. En ce cas, il est fort peu probable qu’elles trouvent en lui un quelconque écho. Si ce n’est l’arrière goût d’avoir misé sur le mauvais cheval.
L’honnête coach adopte une posture de bienveillance à l’égard de son client. Il s’interdit tout jugement ou interprétation. Cela crée une atmosphère où le client est enclin à se livrer sans réserve. Il se peut dans ce contexte que le client se juge lui-même, se blâme ou se disqualifie.
Le coach accueillera ses propos avec respect tout en indiquant à son client que lui, ne partage pas son avis, parce convaincu que le problème n’est jamais le client. Si le coach est dépourvu de cette vertu il refuserait le droit au client de se juger lui-même, uniquement pour lui refuser également le droit de le juger lui le praticien savant.
Une demande de coaching est souvent l’ultime tentative du client pour trouver la solution à sa problématique. Le coach averti en est conscient. Cela le conforte dans sa conviction que le client est intelligent. Il se méfiera des solutions toutes faites qu’il lui destine. Sa vertu lui rappellera que son client a sans doute pu les expérimenter bien avant de venir le consulter. En revanche le coach dénué de cette vertu pourrait se censurer par fainéantise, sur le simple principe que c’est au client de trouver ses propres solutions.
Quel coach ne s’est trouvé un jour, au détour d’une séance, dans l’impasse ne sachant que faire ? L’honnête coach s’est sans doute livré en toute humilité à son client. L’appelant de ce fait à l’aide. Le client, heureux de contribuer, a de toute évidence permit au système de préserver sa dynamique. Qu’en aurait-il été d’un coach menteur et orgueilleux ? Sans l’ombre d’un doute il aurait travesti son impuissance en résistance ou incohérence du client. Ce dernier chargé de cette responsabilité se serait trouvé soit en devoir de le sortir de l’impasse soit de le disqualifier.
Le coach averti n’ignore point que la seule personne qu’il puisse réellement changer n’est autre que lui-même. Il est important qu’il s’occupe alors de lui. L’honnêteté dont il fait preuve le guidera à effectivement s’occuper de lui-même dans le but d’être efficace et utile à son client. Parce que de son confort dépend la puissance de son intervention. Si par malheur, l’honnêteté faisait défaut dans l’inventaire de ses qualités, il s’occuperait de lui au détriment de son client. Il serait égoïste par simple égoïsme et affirmerait l’être par altruisme.
En définitive il me semble que pour bien appréhender toute la dimension que le principe d’honnêteté revêt dans le raisonnement de Guy Ausloos, il suffit de s’imaginer pouvoir à chaque intervention du coach faire un arrêt sur image et le soumettre dans l’instant à la question suivante : « Pourquoi avez-vous dis, fais ou demandé cette chose à votre client ? ». Et de s’imaginer pouvoir pénétrer l’esprit de ce même coach pour entendre ce qu’il se dit à lui-même lorsqu’il nous répond. Car l’un des principes auquel les différents renvois de synonymes que le dictionnaire m’ait donné c’est le principe d’intégrité. L’intégrité nous renvoie elle-même au principe d’entièreté. L’être humain n’étant parfait que dans ses intentions il est fort peu probable, voire inhumain qu’un coach dans son entièreté n’ait jamais failli à cette règle suprême d’honnêteté dans l’application de ces préceptes. Tout être humain porte en lui une part d’ombre et de lumière. Telle la terre faisant sa révolution sur elle-même dans sa ronde autour du soleil, la face éclairée de l’homme dissimule immanquablement sa face obscure. Tout coach qui aura le courage de s’accepter dans sa complexité, d’avouer à autrui et à lui-même qu’il est faillible, parce humain avant tout, ferait preuve d’honnêteté, de loyauté, de bonne foi et d’intégrité. Alors, heureux seront les clients qui le choisiront.» B.D.C
Belame referme son journal et range son stylo argenté dans son écrin.
A l’instar du paysan exténué qui range ses outils, il ressent la fierté du labeur accompli. Il s’enfonce dans son fauteuil, se passe la main dans les cheveux et penche légèrement sa tête en arrière. Ses yeux rencontrent la blancheur du plafond. Soudain sur cette surface immaculée semble se jouer une scène. Il se revoit lutter face à sa feuille blanche, la considérant comme inaccessible, inabordable, ne sachant par où commencer. S’imaginant qu’elle l’attend au tournant. Il se regarde écrire ce qu’elle lui inspirait jusqu’à sa fuite vers la bibliothèque. Il s’observe accueillir la solution cachée dans le papier plié.
_ Incroyable ! C’est magique ! s’exclame t-il.
Il se lève, remonte le store. Ses yeux se posent sur une belle journée de mai. Soudain son visage se pare d’un sourire enfantin quand au loin sa belle dame de fer semble lui faire des œillades.
_ Ah ma belle ! Si tu savais ce qui vient de se passer dans ce bureau ! Je découvre stupéfié, quatre analogies entre la feuille blanche et une séance de coaching :
Premièrement, la peur que m’inspire la feuille blanche est ce qu’on appel dans notre jargon « voir le bœuf » quand le client nous apporte sa problématique.
Deuxièmement, la feuille et moi formions finalement un système.
Troisièmement, lorsque j’ai écrit ce quelle m’inspirait au lieu d’écrire le texte que j’espérais, j’ai injecté mon ressenti, cela s’appelle faire du recyclage.
Enfin en allant vers la bibliothèque, j’ai opéré un changement de posture, j’ai fais une intervention et cela a dénoué ma situation.
Crois moi, je ne finirai jamais d’être étonné par les mystères de mon métier, ni par les mystères de ta beauté. Il faudra que j’en parle à ma prochaine conférence.
Heu ! Des mystères de mon métier je veux dire, pas de ta beauté…
… Quoi que !?
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