Mariage - Un jugement vierge de tout soupçon ?
Ecrit par: ytty54
Nombre de lectures: 1811
Nombre de mots: 708
Volonté de quelque magistrat d'un coup de pub carriériste,
interprétation intégriste ou inconscience coupable toujours est il que
voilà au pays des droits de l'homme (mais visiblement moins de la
femme) et depuis peu de la parité un sacré camouflet. Non pas que je
n'ai jamais trop considéré que nous ayons à nous distinguer vraiment
des républiques bananieres par bien des pratiques, non. Mais je nous
pensais benoîtement dans un Etat de droit garant. Oui mais voilà, le
droit ne garantit plus, il s'émancipe ou se ringardise, c'est selon.
Les
réactions hostiles n'ont heureusement pas manquées depuis les
mouvements féministes aux spécialistes légalistes en passant par les
politiques de tous bords. Avec une angoisse, la jurisprudence annoncée.
Notons que cette jurisprudence dans un contexte de parité exacerbée
n'est pas dénuée de cocasseries. Car ce que l'on exige de la femme doit
également l'être auprès de l'homme. Messieurs, à vos carnets de...
virginité, à vos costumes blancs immaculés !
Alors que la pression
religieuse d'un Islam disons peu modéré conduit déjà de nombreuses
jeunes françaises à se faire opérer pour retrouver l'hymen originel, le
jugement rompt, si j'ose dire, avec le principe de laïcité républicain.
Si la femme refuse de porter le voile, pourra t'on également considérer
qu'"il y a eu erreur sur la personne, ou sur des qualités essentielles
de la personne", ou si elle refuse de se convertir, ou si elle souhaite
travailler... et les catholiques ne reviendront ils pas non plus à la
charge au nom de la ... parité des religions ?
Est ce donc du
domaine du droit que d'investir le monde des croyances, des cultures,
des pratiques et surtout d'en valider certaines ?
Peut être mais
dans ce cas je propose que nous élargissions le débat. Toute femme ne
pourra plus désormais en France se marier qu'à condition d'apporter une
dote d'un million d'euros. Dans le cas contraire, je dénoncerai l'union
pour "erreur sur la personne, ou sur des qualités essentielles de la
personne". je précise que je suis célibataire, mesdames si vous
répondez au critère, j'habite impasse de la... Mairie, c'est dire !
Dans le
concert de critiques, il faut saluer la prise de position originale de
notre Garde des Sceaux dont le temps passant nous confirme surtout
qu'elle se garde elle même. "La justice est là pour protéger. Le fait d'annuler un mariage est aussi un moyen de protéger
la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage, parce que je
pense que cette jeune fille (...) a souhaité également, sans doute, se
séparer assez rapidement". Peut-être, sans doute... quelle analyse pertinente que voilà, digne d'une Madame Irma.
Mais
pouvait on réellement attendre autre chose qu'une prise de positon
incongrue de la part de celle qui peine si maladroitement à mener la
réforme de la constitution autant improbable qu'inutile ?
En affirmant "on n'est pas à l'abri de circonstances particulières, notamment dans un contexte lié au terrorisme"
au sujet de l'article 16 de la V° République, elle a élevé le débat à
des niveaux insoupçonnés de négligence et d'amateurisme. Pour mémoire,
l'article 16 stipule que "Lorsque les
institutions de la République, l'indépendance de la Nation, l'intégrité
de son territoire ou l'exécution de ses engagements internationaux sont
menacées d'une manière grave et immédiate et que le fonctionnement
régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le
Président de la République prend les mesures exigées par ces
circonstances, après consultation officielle du Premier Ministre, des Présidents des assemblées ainsi que du Conseil Constitutionnel."
C'est un tantinet plus complexe à mettre en oeuvre que si une bombe explose comme cela s'est produit déjà maintes fois.
La
dernière représentante de la période Bling Bling ne parvient plus à
cacher derrière ses apparences luxueuses et sophistiquées ses limites.
Voilà qui la rendra plus fragile et peut être plus humaine mais, en ces
temps difficiles pour son mentor, voilà qui la met également en danger
car ses soutiens se comptent sur "les doigts du baron Empain" aurait
dit Desproges.
En même temps, la Constitution est un texte fondateur qu'on ne peut manier avec tant de légèreté
et de désinvolture sans risquer de s'exposer à la critique, même à
droite, même radicale comme ce "Elle est nulle" d'Edouard Balladur
pourtant Président du Comité pour la réforme de la Constitution.
Comme quoi, quelque part, il y a une justice !
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com
Vote: Pas encore voté
Identifiez-vous pour voter