Abus - le tiers payant du jeune sportif
Ecrit par: ytty54
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Une suite logique du plan de prévention spécifique contre les abus
sexuels dans le tennis proposé l'an passé et qui "contractualise" les
relations entraîneurs -entraînés, sensibilise les encadrants et
renforce le suivi médical.
"En 2006, près de 8 % des sportifs ont
subi une agression sexuelle au cours de pratiques sportives. Les jeunes
filles sont les plus menacées." affirmait l'été dernier la Ministre
Roselyne Bachelot qui, originalité gouvernementale, lançait une étude
pour vérifier ses dires.
Il est vrai qu'une enquête de 2003
auprès d'étudiants en Staps à Reims donnait quelques indications : près
de 8 % des étudiants qui ont répondu à l’enquête (117 en tout ce qui
relativise la valeur statistique) ont eu à subir une agression d’ordre
sexuel en milieu sportif, les filles plus que les garçons : 10 % versus
4 %. Contrairement à ces derniers, les filles (4 %) signalent également
des agissements qui restent à leurs yeux ambigus. L’âge moyen de
survenue est de 15,5 ans pour les garçons et de 13,8 ans pour les
filles.
Plus avant, une étude épidémiologique menée par l’Inserm
en 1993 sur 12 391 adolescents français révélait que les adolescents
sportifs, notamment les filles, témoignaient d’un taux d’exposition aux
violences sexuelles plus élevé que les adolescents non sportifs : 7 %
versus 5 % pour les filles et 3 % versus 2 % pour les garçons.
Aujourd'hui,
l'enquête estime qu'environ un tiers des jeunes sportifs de 13 à 23 ans
estiment avoir déjà été confrontés à une forme de violence sexuelle
dans le contexte de leur sport. Il est fait le disinguo entre 3 niveaux
de violence : l'agression ; l'atteinte (par la persuasion ou le
conditionnement) ; le harcèlement (voyeurisme, exhibitionnisme,
brimades...).
Le rapport entraîneur-entraîné apporte son lot de
situation malsaine dérivant vers l'abus de pouvoir mais, surprise, la
majorité des agresseurs sont... des sportifs eux-mêmes.
Dans ce
milieu souvent fermé où la loi du silence prévaut encore volontiers,
l'heure est donc à la sensibilisation. La signature d'une charte par
toutes les fédérations ne changera bien sûr pas la face du monde mais
permet tout de même d'enclencher un processus légitime de vigilance.
Notamment chez les parents souvent trop confiants, le sport étant
auréolé de bien des vertus.
Pourtant entre dopage, racisme, argent
et désormais abus sexuels, les tares ne manquent pas qui devraient
susciter autre chose qu'un silence gêné.
Parfois cela prend des
proportions étonnantes comme au FC Thoune, club suisse de football
professionnel engagé il n'y a pas si longtemps en Ligue des Champions.
20 personnes dont 12 joueurs sont soupçonnés d'abus sexuels sur une ...
supportrice du club de 15 ans !
On se souvient aussi de ces
terribles révélations sur l'entraînement des gymnastes en allemagne de
l'Est ou en Russie, mises enceinte par leurs entraîneurs pour
bénéficier des poussées hormonales, puis avortées à l'issue deds
compétitions...
Au Canada, c'est le hockeyeur Sheldon Kennedy qui
révéla, après avoir mis un terme à sa carrière professionnelle, les
sévices dont il fut victime de 14 à 19 ans : "On respecte tellement son
entraîneur. Les parents vous disent “Fais tout ce qu’il dit”. À cet
âge-là, on obéit; c’est la première étape si on veut devenir
professionnel.»
Ce témoignage fit figure d'électrochoc et annonça un
désastre majeur : des études montrèrent que près de 50 % des sportifs
canadiens ont vécu des expériences allant d’un harcèlement léger à de
vraies violences. Plus de 20 % des sportifs d’élite ont eu des rapports
sexuels avec des responsables sportifs. Dans une étude sur des
étudiants du secondaire, plus de 40% d’entre eux ont indiqué que le
harcèlement était fréquent dans le milieu du sport...
En France bien du chemin reste à parcourir si l'on se souvient de l'épilogue tortueux d'une
autre athlète devenue écrivain par nécessité, Catherine MOYON de
BAECQUE. Dans "La médaille et son revers", elle relatait en 1994 son
viol lors d'un stage d'entraînement avec l'équipe de France de lancers
de marteau. Les auteurs condamnés ont toujours disposé du soutien et
des témoignages bienveillants de leur fédération et la victime,
embauchée par le Ministère des sports en guise de réparation a, depuis,
été remerciée par Jean-François Lamour qui porte là bien mal son nom...
D'ailleurs, aux JO de Sydney, deux d'entre eux portait encore le
maillot de l'équipe de France, les dénommés Christophe Epalle et Guy
Guérin.
Il faudra donc, du temps, de l'attention et peut être une
certaine évolution. tiens par exemple, la parité en politique ne
pourrait-elle être étendue modérément au milieu associatif par trop
masculin ?
Enfin tout ceci fait débat, c'est déjà ça. N'en demandons
pas trop en 2008. A quelques mois de la grande fête olympique, il ne
sera guère de bon ton d'être trop regardant...
"Sportif oui, victime non" dira le slogan pas sûr qu'il trouvera sa traduction en chinois...
A propos de l'auteur
http://yttymaison.blogspot.com/
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